C’est l’histoire d’une petite goutte d’eau qui tomba malgré elle de son nuage. Une petite goutte d’eau qui n’avait rien demandé à personne, mais qui fut jetée dans le vide parce qu’elle se trouvait dans ce nuage là, et que personne n’était là pour la rattraper. Un orage gigantesque et particulièrement violent provoqua sa chute, et au milieu des centaines de milliers d’autres gouttes, elle n’avait d’autre choix que de tomber. Elle pleura, elle cria, elle tenta de résister, mais personne ne l’entendit, et puis de toute manière, elle n’était qu’une simple goutte d’eau de pluie, alors qu’est-ce que le monde en avait à faire, d’elle ? Alors elle cessa de se débattre, comprenant que ça ne servait à rien, que son avenir était déjà tout tracé. A la place, elle tenta du mieux qu’elle put de ne pas tomber n’importe où ; car ce n’est pas le chute le plus important, mais l’atterrissage.

Jillian n’avait rien demandé à personne. Sa mère tomba enceinte par accident, et son père ne montra jamais vraiment un quelconque intérêt envers elle. Si elle avait pu avoir le choix, elle aurait choisi de ne pas exister. A sa naissance, Mrs Weathress se promit de faire de son mieux pour aimer sa fille, pour l’élever en la protégeant de la négligence de son mari. Jill dut le sentir, d’ailleurs, car les seuls sourires qu’elle n’eut jamais effectués étaient adressés à sa mère. La petite commença donc à grandir aux côtés d’une mère aimante et d’un père absent, un père qui l’ignorait autant qu’elle avait appris à le faire, sans se haïr, juste de l’indifférence. Déjà enfant, Jillian ne souriait qu’en de rares occasions, lorsque sa mère était présente. C’étaient des petites touches de bonheur, des éclats de couleur qu’elle ne pouvait voir que dans ces yeux là, ceux de sa mère, dont elle avait hérité.

Et puis il y eut l’orage, survenu une nuit d’hiver. Jill et sa mère revenaient de week-end chez de la famille du côté de Leeds, plus tôt que prévu puisque la tante Meredith était malade. Mr Weathress en avait profité pour inviter une jeune femme à passer la nuit avec lui, ce que sa femme et sa fille réalisèrent rapidement. Après s’être assurée que Jillian était dans sa chambre, Mrs Weathress mit la jeune femme à la porte et alla crier sur son mari. Evidemment, il répliqua, hurla à son tour. Dans sa chambre, la petite fille de six ans avait ouvert la fenêtre et respirait l’air frais pour se calmer. Elle tenta même d’évaluer la hauteur qui la séparait du sol pour voir si elle se ferait mal en sautant, juste pour ne plus entendre tous ces cris. Elle avait passé une jambe par-dessus le rebord lorsqu’un bruit sourd se fit entendre de l’autre côté du mur. Comme si on avait lancé une armoire contre le mur. Mais le plus effrayant aux yeux de Jillian, ce fut le silence total. Les yeux écarquillés, le corps tremblant, elle fit demi-tour, s’approcha lentement de la porte close de sa chambre, et l’ouvrit le plus silencieusement possible. Et ce qu’elle vit lui fit regretter de ne pas avoir bondit par la fenêtre. Cela lui aurait peut-être permis d’échapper à cette horreur, d’échapper à la destruction de tout ce qui était capable de la faire sourire. C’était sa mère étalée sur le sol, les yeux grands ouverts, un filet de sang s’échappant de l’arrière de son crâne ; et son père, debout, paralysé de terreur, son meurtrier de père qui ne savait pas quoi faire. Il n’y avait plus rien à faire. Ce fut au tour de Jill d’hurler. Elle déchira le silence, le noya sous ses larmes, martela son père avec ses petits poings, lui cria sa haine. Mais rien n’y fut : sa mère ne se releva jamais.

Et puis il y avait ce garçon. Quand, à l’école, on se moquait de la petite Jillian parce qu’elle était différente, parce qu’elle n’était pas normale, quand elle revenait couverte de larmes à la maison où son père se fichait complètement de ce qui lui arrivait et qu’elle se jetait dans les bras de sa mère qui lui promettait que tout finirait par s’arranger, quand elle réalisait que c’était un mensonge mais qu’elle devait y croire quand même parce qu’elle n’avait personne d’autre à écouter, il était là. C’était son ami, l’un des seuls qu’elle avait. Mais lorsqu’elle fut placée dans une famille d’accueil suite à la mort de sa mère et l’enfermement de son père, ils ne purent se voir davantage. Et lorsqu’elle entra à Poudlard, les chances de se retrouver se réduire à zéro. Mais l’improbable se produisit, l’été dernier, ils se retrouvèrent à la gare. Jill revenait de Poudlard, et lui venait chercher son frère. Trop heureux de se retrouver, ils ne se quittèrent pas de l’été. Seulement, Jill fit l’erreur de lui révéler son secret, celui de la magie, de Poudlard, de sa différence. Et il s’enfuit. C’était pendant le carnaval de Notting Hill, Jillian garderait toujours cette image en tête, lui, disparaissant dans la foule, et elle, lui courant après, refusant d’être abandonnée une fois de plus.

« Tu entends ce bruit ? Celui de mon cœur qui se brise. De mon sourire qui s’efface. De mes pleurs qui se taisent. »

Discrète, peu bavarde, renfermée, à peine souriante. C’était ce qu’elle était. Ce qu’elle est toujours. Elle ne tisse de lien avec personne – qui voudrait devenir ami avec une dépressive ambulante ? – ce qui ne fait qu’aggraver son état. La solitude, la douleur. C’est ce avec quoi elle vit quotidiennement. Mais désire-t-elle vraiment s’en sortir ? Quand on est comme ça depuis dix ans, on ne se pose même plus la question. C’est ce qui nous définit.

Décris-nous le pouvoir de ton personnage relatif à son groupe. Tu peux parler de son évolution, des difficultés qu'il/elle va rencontrer avant de le contrôler, de la façon dont le pouvoir est en accord avec son caractère, son histoire, ou autre. Un minimum d'une dizaine de lignes.