Avec son sourire tellement attractif qu’on croirait que le mot "charisme" a été inventé pour elle, Abigail est une jeune fille d’agréable compagnie, assez altruiste et très loin de l’égoïsme malgré une timidité et une fragilité apparentes. Dotée de courbes pour le moins... à croquer, et de talents... avantageux, elle passe très rarement inaperçue.
Confrontée très jeune aux problèmes de sa famille, Abigail a pourtant pu échapper au pire grâce à la protection de William. C’était ce dernier qui la mettait à l’abri alors que leur père rentrait à la maison, en la cachant le plus souvent dans le placard de l’entrée. Malheureusement, il ne parvint jamais à l’empêcher d’entendre les cris de dispute, et, malgré ses propres tentatives pour se boucher les oreilles, la petite fille qu’elle était à cette époque ne pouvait ignorer les hurlements de son soûlard de père. Lui répondaient les plaintes affolées de sa mère, elle qui l’aimait toujours et ne pouvait qu’essayer de le remettre dehors, sans jamais n’appeler à l’aide que ses fils. Trop jeune pour comprendre, Abigail n’en tenait alors pas rigueur à son paternel. Elle se contentait de poser des questions innocentes à sa mère, alors qu’elle aidait William à panser ses blessures une fois qu’il était reparti... et souvent suivit de près par les cavalcades nocturnes de Meryl, empli de haine et de frustration. La jeune fille ne sut jamais grand-chose de l’aîné des trois enfants, qui fuit très tôt leur "cocon familial" -et ne chercha par ailleurs jamais à forger de relation solide avec les autres membres de la fratrie.
Pour sa part, Abigail entretenait avec Will un lien très fort, qui lui permit de grandir quelques temps sans souci majeur, se contentant de vivre, tout simplement. Elle apprit lentement à être sociable, pas à pas, alors que son frère l’emmenait jouer avec les autres enfants de sorciers au parc. Ils allaient aussi, parfois, faire les boutiques ensemble avec le peu d’argent qu’il avait gagné pour elle. Pour lui acheter des vêtements neufs, ou encore des jouets les jours de "fête familiale". Jusqu’à ses neuf ans, Abigail se contenta donc de sa vie, sans imaginer le plus petit instant qu’elle était tout à fait différente d’une vie "normale", ou d’une situation familiale "normale".
Elle finit cependant par comprendre bien malgré elle le pourquoi du comment, alors que son père, lors d’une de ses rares visites intempestives, invectivait sa mère de jurons et d’insultes tous aussi violents les uns que les autres. Il allait repartir, soûl comme un trou comme à son habitude, lorsqu’il marqua un temps d’arrêt en entendant quelque chose qui provenait du placard de l’entrée. Il s’approcha à pas pesants, alors que la petite fille s’évertuait à fermer les yeux recroquevillée sur elle-même, chantonnant tout bas un air que son frère lui avait enseigné... une comptine au sujet d’un cadeau et d’une petite fleure des champs... Dès que la porte du placard s’ouvrit, violemment, la chansonnette mourut sur ses lèvres salées par les larmes. Si elle évita d’être battue à mort à cet instant ce fut grâce à William, qui s’interposa rapidement, tremblant de rage, dès que leur paternel eut fait mine de tendre les mains vers elle. Elle assista cependant à toute la scène qui s’ensuivit, coincée dans son placard qui était jusqu’alors le seul endroit où elle se sentait en sûreté, muette comme une carpe, ouvrant de grands yeux effrayés.
Choquée, elle prit énormément sur elle pour ne pas ajouter à l'accablement générale. Peu de temps après, William rejoint Poudlard, la laissant seule aux mains de leur mère dont la santé mentale se dégradait.
Aujourd’hui, après avoir enfin retrouvé son frère, son "héros", Abigail s’en veut encore, persuadée que c’est par sa faute que tout cela est arrivé. C’est la raison pour laquelle elle tente de lui cacher ses soucis, ne voulant pas lui causer plus de problèmes qu’elle ne l’a eu fait par le passé. Dans cette même optique, l'adolescente n'évoque jamais avec lui ces deux ans d'enfers et de solitude. Pour lui épargner des remords, pour qu'il garde la tête hors de l'eau... Mais c’est le plus souvent sans compter sur le fait qu’il sache lire en elle comme dans un livre ouvert...

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« Poudlard, salle commune des Serdaigles, 2010.

Rien de nouveau, rien de terrible à raconter… Quoique. Je ne peux plus vraiment me voiler la face...
J'ai fini par rencontrer Meryl. Enfin, "rencontrer" est un bien grand mot. Disons que je l'ai croisé au hasard d'un allez-retour à Pré-au-lard, et puis *pouf !* Disparu. Je n'en ai pas parlé à William. Je n'ai pas osé. J'ai préféré évoquer la lettre de notre père qui voulait que je revienne à la "maison". Je suppose que ça l'aurait mis tout autant en colère. L'a t-il vu lui aussi ? De toute façon, je n'aurais plus l'occasion de poser la question...

Il y a peu de temps, j’ai en effet causé pas mal d'ennuis à William. Une histoire stupide qui nous a amené à comploter un peu dans son dos, avec Daniel, son meilleur ami. C’est aussi un peu le mien à vrai dire, et sûrement bien plus que ça: il fait parti de la famille. Ou au moins de mon semblant d’environnement familiale. C’est une figure récurrente de ma vie, une fleure dans le paysage dont les arômes se rappellent au passant chaque matin pendant son jogging, un oiseau qui gazouille tranquillement au dessus de sa tête, une mouche qui vient bourdonner inlassablement dans nos oreilles, ou encore une libellule qui vient parfois se poser sur une main immobile. Daniel, c’est un peu tout ça à la fois.
Enfin bref, comme d’habitude, on a essayé de se mêler de ce qui ne nous regardait pas... D’un autre côté, je crois que notre intérêt pour les tortures mentales que s’infligeait mon frère était justifié. Même si la technique n’était pas la bonne...
« Emma Nielsen ». je n’arrive vraiment pas à la cerner cette fille. Je crois juste qu’elle a de gros problèmes. Psychologiques ? Je ne sais pas trop... mais magiques, sûrement ! Il n’y a qu’à voir la dernière fois que je l’ai entr’aperçue, gisant dans les bras du nouvel infirmier ! Infirmier qui, soit dit en passant, venait de défoncer la porte à coup d’explosions de souffle inversé. Je me demande ce qu’elle est devenue. En tout cas, visiblement, Will en est très amoureux... Était ? Je ne sais même pas où ils en sont tous les deux non plus. A vrai dire j’évite tout le monde depuis cette bourde affreuse. J’ai pris quelques "vacances" -je suppose qu'on peut dire ça comme ça- qui ont rapidement tourné au cauchemar. William s’était déjà réfugié chez les adorables Carter, qui ne lui ont certainement posé aucune question. Il ne me restait qu’une seule solution et il aurait sans doute mieux valu que je m’en abstienne. Je suis retournée "chez nous". L’une des pires décisions de toute ma courte vie. Il m’en reste sans doute un bon paquet à prendre, mais j’avoue que celle-ci obtiendrait la palme d’or au concours des pires idioties de ces six dernières années. Sans doute au même niveau que les tourments que j’ai causés à mon frère... peut-être même plus étant donné le mal que je me suis infligée toute seule. Mais de toute manière je n'ai pas encore la force de m’exprimer sur ce sujet. L'aurais-je seulement un jour ? Et à qui... ?
Maintenant Je n’ai plus qu’à me plonger dans le boulot pour rattraper mon retard. Ça me fera une excuse de plus pour me planquer. Et puis, qu’est-ce que je pourrais bien leur dire de toute manière ? Elle, je ne la connaît pas d’un iota. Quant à lui... je n’oserai même plus le regarder en face. C’est la première fois qu’une telle chose se produit entre nous. Il doit me détester. Non. Il me déteste, je le sais.
Alors j’attends, dans cette espèce de brouillard épais. J’attends qu’il se passe quelque chose, j’attends le moment où mon manque d’attention me portera à sa rencontre. Ou peut-être viendra t-il, lui, afin de me vider son cabas sur les pieds ? Je ne lui en ai même pas donné l’occasion. Comme c’est lâche.
En tout cas, ce retour à Poudlard risque d’être bien étrange. Morten, Maëdy, Daniel, William, Emma, Esmée... qui d’autre ? Mes connaissances sont déjà tellement peu nombreuses, vont elles seulement accepter ma présence ? Quoique je peux d’ores et déjà ôter Morten de la liste: inutile de chercher à la rallonger avec un énergumène pareil !

Abi, "retour en force" ? On peut au moins dire “retour”, je suppose que c’est déjà ça de gagné. »

Abigail est une Elémentaliste de l'eau. Ce n'est certes pas la plus puissante des capacités mais utilisée avec ruse, elle peut en faire à peu près ce qu'elle veut. Ainsi comme tout Elémentaliste qui se respecte, et bien qu'elle dusse encore découvrir ses pouvoirs, la jeune fille maîtrise les bases de sa catégorie. A savoir: contrôler l'eau des lavabos, faire des vagues sur le lac, empêcher la pluie de la mouiller et autre petites "broutilles" du même genre.
Non, la plus grande capacité dont elle dispose, celle qui lui est propre, c'est de pouvoir utiliser l'humidité ambiante ainsi que celle qui se cache dans les recoins du corps humain pour modifier la température interne d'une personne. Ce qui la différencie des temporels pouvant influer sur la température extérieure aux hommes, avec parfois les même résultats...
Rien de très glorieux donc, à première vue. Mais cette simple action offre une large gamme de possibilités et une immense marge de manœuvre. Attendez de vous sentir comme dans la fournaise des enfers, ou en visite chez le Yéti avant d'émettre une quelconque critique ! Dans le même ordre d'idées, Abigail peut s'en servir à une échelle plus petite, afin d'apaiser et de soulager, ou pour rendre mal à l'aise et nauséeux... Elle peut en effet orienter indirectement (et dans une certaine mesure) les émotions de son entourage. On se sent bouillonnant ? Rien de tel qu'une bonne colère pour apaiser son agitation ! Mais d'où peut donc bien venir cette sueur froide qui sent la peur ? Ou peut-être que cette douce chaleur au creux de votre estomac serait synonyme d'amour et de passion... ?